Vases communicants (Novembre 2022)

Tous les mois, faire échange de vidéo. S’emparer des images et de la bande son, entrer en dialogue avec, sans nécessairement modifier le montage de la vidéo mais en ajoutant selon ses préférences (voix off, texte lu, improvisé, écrit sur l’image, ajout de sons, de musique), puis envoyer sa propre vidéo à son correspondant pour qu’il s’en empare à son tour.
Le premier vendredi du mois, chacun diffuse le mixage/montage qu’il a réalisé sur la vidéo de l’autre et découvre à son tour son montage mixé sur la chaîne YouTube de son invité.

Voici les échanges du mois de novembre 2022 :

Échange entre Caroline Diaz et Milène Tournier :

Depuis l’arrivée en gare de la Ciotat, le train ne cesse d’envahir le cinéma. Dans les premières images de la vidéo de Milène Tournier, ce sont des images saisies à la volée sur lesquelles la voix de Caroline Diaz nous fait entendre les voix qu’elle convoque en les faisant vibrer à travers le voile des images fugitives et fuyantes pour s’approcher de la ville, de ses présences fragiles et les faire remonter à la surface : « Des mots tremblants comme des mots trop légers. » Et parmi ces voix, il y a celle de Milène Tournier qu’on entend prononcer ces paroles : regarder notre présent depuis notre mémoire. Car c’est bien de cela dont il s’agit. Ce que l’on perçoit dans les images du film de Caroline Diaz, composées d’images d’archives, de vacances en famille, d’été en Corse, à la recherche d’un souvenir : « aucune image en réalité, seulement ce qui nous pince. Et tant qu’on est pincée on respire, poumons pincés rendus, et c’est seulement ça le temps ».

Le vent porterait ta voix
Images : Milène Tournier – Texte : Caroline Diaz

Le vent porterait ta voix — Milène Tournier / Caroline Diaz

Tendresse poste restante
Images : Caroline Diaz – Texte : Milène Tournier

Et même retrouver ne retrouve rien : Caroline Diaz / Milène Tournier

Échange entre Juliette Cortese et Myriam Oh :

« On se tisse des liens par le pouvoir de la pensée », dit Myriam Oh sur les images de Juliette Cortese. « Vaste marelle entre terre & ciel où les cartographies intimes sont en mutations perpétuelles. « Changer d’angles de vues pour retrouver le juste. »
Sur les longs travellings sol ou ciel de Myriam Oh, les incantations poétiques de Juliette Cortese qui se demande de manière répétée : qu’est-ce que c’est ? Correspondances et superpositions du texte avec les images qui défilent devant nous comme si nous marchions à leurs côtés, dans les avancées, à travers le chemin qui se déroule devant nos yeux dans les élans, les clignotements : « Les épilepsies profondes de la nature, es épilepsies profondes du jour. » Et cette lumière qui traverse et nous transperce. Nous transporte.

Qu’est-ce que c’est ?
Images et musique : Myriam Oh – Texte : Juliette Cortese

Qu’est-ce que c’est – Myriam Oh / Juliette Cortese

Vaste marelle entre Terre & ciel
Images Juliette Cortese – Texte et musique : Myriam Oh

Vaste marelle entre Terre & ciel · Juliette Cortese · Myriam OH

Échange entre Pierre Ménard et Laurent Givelet

Accueillir la voix de l’autre, filmer la ville, la nuit, en pensant à sa voix grave et posée, aux images qu’il tourne au quotidien dans la ville où il vit qui n’est pas la nôtre, lui qu’on ne connaît pas, qu’on n’a jamais croisé, qu’on ne connaît que par ses vidéos, dont on apprécie la justesse des images et de la voix qui, sans coller à ce que l’on voit, parvient toujours à évoquer un souvenir, une pensée, rappeler une phrase, une épiphanie, convoquer une image, et soudain tout s’éclaire avec la simplicité indispensable d’une respiration : « Le gémissement des temps manqués. À une vitesse impossible, la vitesse des rêves. »
Laurent Givelet parvient à passer de l’autre côté de l’image, à s’en emparer pour dialoguer avec elles, et c’est toute la puissance de ces vases communicants où vidéo et voix se mettent à dialoguer comme leurs auteurs à distance : « Revenaient alors les ombres, les enseignes lumineuses te cherchaient, les phares te traquaient. Tu allais tête baissée, longeant les murs. Tu te gardais d’entrer dans les lumières. Tu désirais l’ombre maintenant afin qu’elle te dérobe cette réalité que tu voulais atteindre, afin que tu ne reconnaisses que le plus tard possible que la réalité ne te tendrait pas la main et qu’elle est souriante comme la danse artificielle des lumières de la nuit. »

Jeté dehors
Images Pierre Ménard – Texte : Laurent Givelet

Jeté dehors – Pierre Ménard / Laurent Givelet

La vitesse des rêves
Images Laurent Givelet – Texte : Pierre Ménard

La vitesse des rêves – Laurent Givelet / Pierre Ménard

Les prochains vases communicants vidéos auront lieu le vendredi 2 décembre 2022. Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe pour que les autres correspondances vidéos puissent être relayées sur le site Litteratube.
La playlist #vasescommunicants sur la chaîne YouTube permet d’ajouter ces échanges mensuels pour mieux les retrouver et les visionner.

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