Tous les mois, faire échange de vidéo. S’emparer des images et de la bande son, entrer en dialogue avec, sans nécessairement modifier le montage de la vidéo mais en ajoutant selon ses préférences (voix off, texte lu, improvisé, écrit sur l’image, ajout de sons, de musique), puis envoyer sa propre vidéo à son correspondant pour qu’il s’en empare à son tour.
Le premier vendredi du mois, chacun diffuse le mixage/montage qu’il a réalisé sur la vidéo de l’autre et découvre à son tour son montage mixé sur la chaîne YouTube de son invité.
Voici les échanges du mois d’octobre 2022 :
Échange entre Caroline Diaz et Jeanne Cousseau :
Le dialogue de ces deux vidéo se tisse avec délicatesse et subtilité dans l’intimité des voix, dans l’incroyable correspondance des lieux et leurs points de confluence, des personnes croisées, d’hier et d’aujourd’hui, qu’il s’agisse d’amis filmés dans leurs activités comme dans un journal filmé au quotidien (se promener à travers champs, effectuer des travaux dans une maison vide, rouler la nuit au bord de la mer) où de Virginia Woolf à qui l’on s’adresse en lui écrivant une lettre, paroles anciennes ou imaginaires, en visitant ce qui fut sa maison, son jardin, l’endroit où elle a vécu, où elle a écrit la plupart de ses textes et le lieu où elle est morte. A son image les mots surgissent.
Je lui offrirai ma joue
Images : Jeanne Cousseau – texte : Caroline Diaz
Tendresse poste restante
Images : Caroline Diaz – texte : Jeanne Cousseau
Échange entre Juliette Cortese et Pierre Ménard :
Sans concertations ni préméditions, deux approches de paysages aux reflets changeants, dans les lumières de fin d’été. C’est une question de temps, de lumière. Aux prises avec le vertige des variations infinis. D’un côté comme de l’autre cela s’écrit en-deça des mots, dans les interstices, les écarts, les distances infimes. Dans l’alternance des images de reflets dans l’eau du Canal, ce sont des scènes de violences et de guerre, armures d’un autre temps, dans le bruit des bombes, toute la vibration d’un monde qui se dissimule en-dessous de l’apparente surface ondoyante de l’eau, qui révèle la mémoire trompeuse des images, et ce qui se cache en-dessous.
Dans les images elles aussi à l’envers de reflets à la surface de l’eau, des flaques sur le sol, l’effet miroir qui fait entendre la mélodie du monde en laissant surgir pas à pas les images. Deux approches opposées qui se retrouvent dans un thème commun, des reflets et des images et de ce qu’ils révèlent en nous. Même au-delà du bruit des images.
Il y a une guerre derrière la ville
Images et musique : Pierre Ménard – Texte : Juliette Cortese
À l’envers du miroir
Images Juliette Cortese – Texte et musique : Pierre Ménard
Échange entre Catherine Serre et Jean-Rémi Gandon :
Dans un plan juxtaposant deux images, celle d’une bouche dans la pénombre articulant dans le vide, sans qu’on entende ce qu’elle dit, les mots qu’elle prononce, et les images du mouvement répété des vagues s’échouant sur la plage dont on ne perçoit qu’un mince filet et sur la ligne qui sépare ces images sans lien apparent, le texte qui s’écrit, qui défile et le son qui monte progressivement comme la mer qui gronde : voix perdue l’impossible émission voix de graviers, et de sable voix gravats voix érosion éraillée voix perdue, perdue loin.
Des cartons de déménagement, le paysage qu’on va quitter avec son arc-en-ciel, les assiettes qu’on empile au fond des cartons, leurs motifs d’oiseaux dont les traits en gros plan rappellent ceux de tatouage. A fleur de peau. Et cette phrase qui se répète comme une chanson qui dit tout ce qui est en jeu dans la succession de ces images qui se font subtilement échos, et le décalage des sons qui devient musique : j’en ai rien à figurer !
Sans voix
Image et son : Jean-Rémi Gandon
Texte : Catherine Serre
Soleil
Image : Catherine Serre
Voix et sons : Jean-Rémi Gandon
Les prochains vases communicants vidéos auront lieu le vendredi 4 novembre 2022. Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe pour que les autres correspondances vidéos puissent être relayées sur le site Litteratube.
La playlist #vasescommunicants sur la chaîne YouTube permet d’ajouter ces échanges mensuels pour mieux les retrouver et les visionner.